CHOISISLAVIE.com

CHOISISLAVIE.com

Drapeau Chinois
CN

Drapeau Allemand
DE

Drapeau Anglais
EN

Drapeau Espagnol
ES

Drapeau Français
FR

Drapeau Hmong
HMONG

Drapeau Italien
IT

Drapeau Hollandais
NL

Drapeau Portugais
PT
les apocryphes et la vulgate
base_jump

"J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. CHOISIS LA VIE, afin que tu vives, toi et ta descendance"

La Bible, livre du Deutéronome, chapitre 30, verset 19

Bible La Vulgate

JERÔME ET LA BIBLE VULGATE LATINE

par John H. Alexander

(extrait de "L'Histoire de la Bible" John H. Alexander - éditions La Maison de la Bible - Impression à la demande)

Puce boule jaune

JÉRÔME ET LA BIBLE VULGATE LATINE (extraits)

Lorsque, au 3e siècle avant JC, Ptolémée Philadelphe fit traduire les écrits hébraïques en grec, le monde civilisé s'exprimait dans la langue de Platon. D'une part, la culture hellénique exerçait son influence sur toutes les rives de la Méditerranée; d'autre part, les conquêtes d'Alexandre l'avaient fait pénétrer presque jusqu'au cœur de l'Asie. L'essor du grec, première langue "universelle", détermina ainsi le succès de la Version des Septante, qui éclipsa progressivement le texte original hébreu, dont l'usage demeurait confiné aux étroites limites de la Palestine.

Au 4ème siècle de l'ère chrétienne, la situation s'est modifiée. Seule la classe cultivée s'exprime encore en grec, langue qu'on ne parle couramment que sur les rives de la mer Egée. Le latin est devenu la langue officielle de l'empire romain, alors au faîte de sa gloire. Les légions romaines l'imposent dans tous les territoires conquis. Comme tant d'autres, les chrétiens doivent l'adopter à leur tour; et c'est ainsi que leurs écrits sacrés, rédigés en grec, ne sont compris que de la minorité des fidèles.

La Parole divine se distance peu à peu de l'expérience quotidienne des croyants. Un tel écart est toujours néfaste. Au nord de l'Afrique, des communautés entières sont privées de nourriture spirituelle, car l'accès au texte biblique n'est réservé qu'à certains érudits.
Selon le témoignage des historiens, cette situation entraînera le lent déclin des églises Africaines qui avaient essaimé à partir de deux centres spirituels autrefois florissants, Alexandrie et Carthage; elle sera à l'origine de la défaite du christianisme dans cette région, face à l'invasion de l'islam au 7ème siècle.

Or, à la fin du 4ème siècle, il y eut des serviteurs de Dieu pleinement conscients de cette grave lacune. Divers essais de traductions bibliques en latin avaient été entrepris, sans qu'aucun d'eux n'ait été vraiment satisfaisant. Damase 1er, évêque de Rome de 366 à 384 – le titre de pape n'apparaît que plus tard dans l'histoire – exposa le problème à son premier secrétaire, Hieronymus, plus connu sous le nom de Jérôme (332-420). Ce choix était fort judicieux. Jérôme était à la fois un érudit s'exprimant parfaitement dans les langues des textes originaux et un homme profondément humble, aimant Dieu et désirant accomplir Sa volonté.

On dit que Jérôme fut d'abord réticent lorsqu'on lui proposa de traduire la Bible dans la langue de Virgile: "C'est un travail ingrat; je ne réussirai qu'à mécontenter ceux qui ont des préjugés, et à exciter l'amertume de ceux qui pensent qu'ignorance et sainteté ne font qu'un." Jérôme était un homme intègre, fidèle à l'enseignement de l'Ecriture; il avait aussi le courage de ses opinions. Il sut en temps opportun se détacher des courants philosophiques qui entraînaient les ecclésiastiques de l'époque; diverses hérésies affligeaient la chrétienté. . .

. . . Il avait entrepris le Nouveau Testament en 382. En 385, il s'attaqua à l'Ancien Testament et se rendit dans ce but en Palestine, pour consulter les docteurs juifs, spécialistes du texte hébreu. Jérôme avait été prié de transcrire la Version grecque des Septante en latin. D'abord, il s'efforça de se conformer aux ordres reçus. Mais, las d'assembler des fragments qu'aucun rapiéçage ne pouvait améliorer, il prit une résolution hardie, celle de remonter aux sources en traduisant l'Ancien Testament à partir de l'original hébreu. Jérôme passa 19 ans à Bethléhem. . .

. . . Jérôme avait reçu mission de traduire tous les livres incorporés à la Version des Septante, y compris les narrations profanes qui avaient été ajoutées aux écrits inspirés. L'on se souvient que Ptolémée Philadelphe, dans sa passion pour la littérature, avait donné ordre aux 72 savants juifs venus à Alexandrie, de transcrire en grec tous les textes hébraïques existants. Ainsi, un certain nombre de récits profanes, auxquels les Juifs n'avaient jamais attribué d'autorité divine, avaient été mêlés à la Version des Septante.

. . . Après bien d'autres, Jérôme reconnut l'aspect légendaire de ces livres; il les traduisit, mais les fit précéder d'une note explicative. C'est le "Prologue Galaetus" que, tout au long du Moyen Age, les copistes reproduisirent à l'en-tête des deux livres de Samuel: "Tout ouvrage qui ne figure pas parmi les 24 livres de la Bible hébraïque doit être considéré comme Apocryphe, c'est-à-dire non canonique."

. . . Au Concile de Trente (1546-1563), les autorités ecclésiastiques réunies ratifièrent l'exclusivité de la Bible Vulgate comme version officielle de l'Eglise romaine; mais elles prirent soin, au préalable, de supprimer la note d'introduction de Jérôme au sujet des Apocryphes, qui furent alors portés au bénéfice d'une prétendue inspiration divine. Le Concile de Trente attribua à ces livres l'épithète "deutérocanoniques" (deuxième canon).

L'Eglise de Rome entendait, d'une part opposer aux réformateurs une Bible «plus complète» contenant des livres supplémentaires, d'autre part tirer des Apocryphes le fondement scripturaire nécessaire à certaines doctrines tendancieuses qu'elle ne pouvait justifier par les 66 livres inspirés (la vénération des saints, la légitimité des indulgences et du purgatoire, l'autorité de la tradition, les prières pour les morts, l'assomption de Marie, etc.).

Puce boule jaune

POURQUOI LES LIVRES APOCRYPHES SONT-ILS INCORPORÉS DANS CERTAINES VERSIONS DE LA BIBLE EN FRANÇAIS ?

Si la publication de ces livres peut paraître opportune à certains, leur incorporation – pour ne pas dire leur assimilation – à la Parole inspirée de Dieu heurte profondément tous ceux qui sont attachés aux Saintes Ecritures; de surcroît cette assimilation est malencontreusement encore accentuée lorsqu'on emploie, pour ces livres périphériques à la Révélation, la désignation de "Deutérocanoniques". Une désignation que la Contre-Réforme a introduite au XVIe siècle et qui peut signifier "nouveau ou second Canon" *, autrement dit l'addition officielle d'écrits prétendument inspirés aux 66 livres de la Bible.

* Le mot grec canon est lui-même emprunté à l'hébreu qaneh = roseau, mesure, canne (cp. Ezéchiel 40:3 ; Apocalypse 21:15). Il évoque donc l'étalon, l'unité de mesure, et par extension la règle de doctrine ou les normes de la foi. Les livres canoniques répondent donc à un critère bien défini, celui de l'inspiration, de l'inerrance et de l'autorité divine des Ecritures.

Puce boule rouge

Approche des Apocryphes

Situons d'abord ces écrits contestés, qui ne font pas partie des 66 livres inspirés, bien que figurant dans les éditions catholiques de la Bible et dans la Bible œcuménique TOB. D'abord une première constatation s'impose: leur classification présente toujours des variantes, puisque ces livres sont, suivant les éditions, au nombre de neuf, onze, quatorze ou même dix-huit. Il s'agit donc de documents qui parfois se recoupent ou se regroupent différemment, si bien qu'ils ne paraissent pas toujours sous la même nomenclature et, en tous cas, jamais dans une présentation uniforme.

  • 1 Macchabées.
  • 2 Macchabées - Récits historiques ou légendaires en rapport avec les luttes du peuple juif contre les rois de Syrie (175-135 avant JC).
  • Tobie ou Tobit - Curieuse épopée d'un père aveugle (Tobit) et de son fils (Tobie) conduits par un ange du territoire de Nephthali jusqu'à Ecbatane (Médie).
  • Judith - Histoire légendaire d'une héroïne nationale juive s'introduisant dans le camp d'un général assyrien pour lui couper la tête.
  • Baruch - Cinq chapitres attribués au secrétaire du prophète Jérémie, qui prolongent son message.
  • Le Siracide, appelé aussi l'Ecclésiastique - Reflets de l'enseignement du maître d'une "école de sagesse", dispensé à Jérusalem au IV ème siècle avant JC
  • Le livre de la Sagesse - Traité de morale, attribué à un certain Salomon vivant à Alexandrie au I er siècle avant. JC
  • Le Cantique des trois enfants saints (ou des trois jeunes gens), c'est-à-dire Schadrac, Meschac et Abed-Nego, cantique généralement incorporé au chapitre 3 de Daniel.
  • L'histoire de Suzanne présentée en général sous forme d'un chapitre supplémentaire (13) au livre de Daniel.
  • L'histoire de Bel et le Dragon figure généralement dans un chapitre supplémentaire (14) au livre de Daniel.
  • La prière de Manassé - Œuvre lyrique de quinze versets, inspirée par 2 Chroniques 33 : 12-16, généralement incorporée à 1 Esdras, listé plus loin.
  • La lettre de Jérémie - Message destiné aux captifs de Babylone et abusivement attribué à Jérémie, publié dans certaines éditions après les Lamentations.
  • 2 Esther (ou Ester, grec) - Rédaction complémentaire au livre biblique d'Esther, ajoutée ultérieurement pour pallier à l'absence de mention du nom de Dieu, publiée soit à part (TOB) soit en caractères italiques au sein du livre biblique d'Esther (Bible de Jérusalem).
  • l Esdras (appelé 3 Esdras dans les éditions où les livres bibliques d'Esdras et de Néhémie portent respectivement l'appellation l et 2 Esdras) - Complément historique douteux des récits des captivités et du retour de l'exil.
  • 2 Esdras (ou 4 Esdras, appelé aussi Apocalypse d'Esdras) - 1 et 2 Esdras font partie des livres dits "pseudépigraphiques", écrits juifs rédigés entre 150 avant JC et 100 apr. JC, abusivement attribués à des auteurs connus comme Esdras.
  • 3 Macchabées, 4 Macchabées Récits fantaisistes sur la période antérieure à celle des Macchabées; ouvrages pseudépigraphiques non admis au sein des Deutérocanoniques par l'Eglise romaine.
Puce boule rouge

Peuple juif et Apocryphes

Jamais au cours de sa longue histoire la nation d'Israël n'a reconnu une valeur canonique à cette littérature, dont elle revendique pourtant la paternité. C'est d'autant plus frappant si l'on songe à la teneur de certains passages propres à flatter l'orgueil national d'Israël ou à encourager la philosophie religieuse d'un peuple brimé par l'occupation ou la persécution. Mais citons ici le professeur Henri Blocher : "A la fin du 1er siècle de notre ère, les responsables des institutions officielles du judaïsme mettent un point final aux discussions sur la liste des livres saints, canoniques (de l'Ancien Testament). C'est l'œuvre des rabbins réunis à Jamnia (Yavnè[h]); après le désastre de l'an 70, Yohanan ben Zakkai avait obtenu de l'empereur Vespasien l'autorisation de réunir dans cette bourgade proche de Jaffa une "académie"; elle a fait en 40 ans l'inventaire de l'héritage d'Israël et organisé la survie du judaïsme.

Sur quelques livres, Esther et l'Ecclésiaste surtout, certains avaient hésité. On aboutit au total exact qu'on trouve dans les Bibles dites protestantes; comme Flavius Josèphe (Contre Apion, livre 1, chap. 8), on en compte 22, autant que de lettres dans l'alphabet hébreu – grâce à des regroupements (par exemple les 12 "Petits Prophètes" sont un seul livre); ou on en compte 24, comme l'Apocalypse d'Esdras (4 Esdras), en disjoignant Ruth des Juges et Lamentations de Jérémie.

Les livres comme Tobie ou l'Ecclésiastique reçoivent le nom de livres "extérieurs". L'Académie de Jamnia ne pense pas créer le Canon. Elle résout les derniers doutes et sanctionne ce qui était acquis depuis un certain temps. Dès le IIème siècle avant JC, l'Ecclésiastique atteste les trois divisions du Canon de Jamnia (Siracide, prologue v. 1-2, 8-10, 24-25; 39 : 1-3); l'auteur ne dit pas clairement si la troisième section – les "autres livres" * – est pour lui encore ouverte. A l'époque de Jamnia, les docteurs d'Israël n'admettent dans le Canon que des livres anciens composés au plus tard, à leurs yeux, sous Artaxerxès (465-423). En effet, l'ère prophétique est révolue depuis Malachie; malgré les manifestations sporadiques, l'Esprit de prophétie a ensuite déserté Israël. Cette conviction est attestée en plusieurs endroits du TaImud (compilation des traditions juives relatives à l'Ancien Testament); et par Josèphe qui fait de l'interruption de la succession continue des prophètes la raison de la clôture canonique; elle s'exprime déjà en 1 Macchabées (4:46; 9:27; 14:41)."

* Autres livres ou autres Écritures, nommés aussi "Psaumes" (Luc 24:44): ensemble des livres bibliques de l'Ancien Testament qui ne font partie ni de la loi ni des prophètes, appelés par les Juifs les Kethubim et en grec les Hagiographes.

Puce boule rouge

Pères de l'Eglise et Apocryphes

Quoique les Juifs n'aient jamais reconnu comme canoniques ces écrits suspects appartenant à la période post-prophétique, il faut néanmoins constater qu'ils ont joui d'une certaine popularité – du moins pour certains d'entre eux – durant les premiers siècles de l'ère chrétienne. Leur incorporation à la Version grecque des Septante de l'Ancien Testament ne pouvait, bien sûr, que leur conférer une évidente notoriété puisque pendant des générations, les Juifs de la dispersion comme les chrétiens ont tiré de cette version grecque la sève de leur foi.
Dès le IVème siècle apparaissent les premiers codex, c'est-à-dire les premiers volumes ou les premières collections comprenant un ensemble de livres bibliques. Les Apocryphes y figurent partiellement, mais pas de manière systématique ou uniforme. Ainsi les trois grands Codex, Vaticanus, Sinaïticus (IVème siècle) et Alexandrinus (Vème siècle) contiennent ce qu'on appelait à l'époque les "livres extérieurs", mais alors que le Vaticanus n'inclut pas les livres des Macchabées, il comprend 3 Esdras; le Sinaïticus écarte Baruch mais ajoute 4 Macchabées, alors que l'Alexandrinus accepte en plus 3 Esdras, 3 et 4 Macchabées.

Au IIIème siècle, Julien l'Africain a blâmé Origène d'avoir prêché sur les "livres extérieurs"; au IVème siècle, Athanase (367) et Cyrille de Jérusalem (375) s'en tiennent rigoureusement aux livres canoniques. Puis Jérôme montre ostensiblement du doigt ces écrits contestés en leur refusant toute appartenance aux livres canoniques; en effet, lui le premier les déclare Apocryphes, un terme qu'on a traduit par "cachés" ou "ajoutés", parce qu'ils sont suspects tant par leur origine que par leur prétendue valeur doctrinale. Toutefois à la même époque Augustin, très attaché à la légende de l'"inspiration" de la Version des Septante, combat l'opinion de Jérôme au sujet des Apocryphes et fait prévaloir ses idées au Concile de Carthage de 397. Une opinion dont hélas la récurrence fut tenace tout au long des siècles...

En publiant la Bible Vulgate latine (achevée en 405), Jérôme avait néanmoins établi clairement la différence entre livres inspirés et contes profanes. Son "Prologus Galaetus" dévoile les Apocryphes comme impropres à "confirmer l'autorité des dogmes ecclésiastiques". Or ce Prologue a été copié des milliers de fois par les scribes chargés de transcrire la Bible Vulgate latine tout au long du Moyen Age. Il est regrettable qu'au XVème siècle il ait été définitivement éliminé, notamment des premières impressions de la Bible Vulgate.

Puce boule rouge

Réformateurs et Apocryphes

Martin Luther tiendra un langage aussi ferme que Jérôme à leur sujet, puisqu'il les désignera de "livres à ne pas tenir pour égaux à l'Ecriture sainte, mais utiles et bons à lire". Pour sa part, Pierre-Robert Olivétan, premier traducteur de la Bible française à partir de l'original hébreu et grec, incorpore les Apocryphes à sa version (1535) en exprimant la réserve suivante: "Ces livres ne sont point reçus ni tenus comme légitimes tant des Hébreux que de toute l'Eglise... Nous les avons séparés et réduits à part pour les mieux discerner et les connaître, afin que l'on sache desquels le témoignage doit être reçu ou non... Et non sans cause, car ils ont été corrompus et falsifiés en plusieurs lieux..." Puis il cite certains de ces livres comme étant "suspects" et "moins reçus", se référant une fois de plus à Jérôme qui n'a pas voulu traduire 2 et 3 Esdras, "les estimant comme songes".

Puce boule rouge

Eglise romaine et Apocryphes

A l'instigation du pape Paul III, l'église catholique convoque un Concile universel à Trente, petite localité d'Italie du nord, qui siégera à trois reprises sur une période de 17 ans (1546-1563). Rome entend bien fourbir ses armes pour mieux faire pièce à la Réforme et si possible l'éliminer complètement. Le magistère de l'église consacre alors sous forme de dogmes, des pratiques qui au cours des siècles et selon les régions s'étaient progressivement développées en son sein.
Parmi celles-ci, la légitimité des indulgences, du purgatoire, de l'invocation des saints, du célibat des prêtres, de la doctrine des sacrements et de celle de la transsubstantiation; mais aussi l'obligation de considérer la tradition "unanime" (sic) des Pères de l'Eglise comme une source de révélation conjointe aux Ecritures.

C'est également à Trente que l'Eglise romaine consacre la Bible Vulgate version officielle de l'Eglise, et pendant des siècles elle ne sanctionnera que les traductions faites à partir de la Vulgate; de surcroît et au mépris de l'avertissement de Jérôme à leur sujet, elle y incorpore les livres apocryphes, les désignant dès lors de Deutérocanoniques, terme qui, par sa consonance, fait admettre à tous une acceptation "définitive" de ces éléments considérés jusqu'alors comme étrangers au Canon des saintes Ecritures inspirées. Une arme subtile, que Rome ne se privera pas d'utiliser: elle dispose désormais d'une Bible dite plus complète, par conséquent plus crédible (!) que celle des protestants...

Quelques textes des livres apocryphes cautionnant les doctrines catholiques (citations selon la version TOB) :

- Pour les aumônes et le trafic des indulgences :

"L'aumône délivre de la mort et empêche d'aller dans les ténèbres." Tobie 4:10
"L'aumône délivre de la mort et elle purifie de tout péché. " Tobie 12 :9
"L'aumône efface les péchés." Siracide 3:30

- Pour le salut par les œuvres :

"Prie devant sa face et ainsi diminue ton offense." Siracide 17 :25
"Celui qui honore son père expie ses péchés." Siracide 3:3
"Examine-toi avant le jugement, et à l'heure où on te demandera des comptes, tu trouveras le pardon." Siracide 18 : 20

- Pour l'intercession des anges et des saints :

"C'est moi (l'ange Raphaël) qui ai présenté le mémorial de votre prière en présence de la gloire du Seigneur." Tobie 12:12
"Seigneur tout-puissant, Dieu d'Israël, écoute la prière des morts d'Israël." Baruch 3:4

- Pour la prière pour les morts :

"Il (Judas Macchabée) fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu'ils fussent absous de leurs péchés." 2 Macchabées 12:45

- Pour la vénération des saints :

"Comment donc a-t-il (le juste) été admis au nombre des fils de Dieu, et partage-t-il le sort des saints?" Sagesse 5:5

- Pour le sacerdoce des prêtres :

"Le Seigneur... dans sa grande sagesse... a béni et exalté certains d'entre eux (des hommes); il a consacré certains autres et se les est attachés." Siracide 33:11-12
"De toute ton âme, révère le Seigneur et vénère ses prêtres." Siracide 7:29

- Pour le célibat des prêtres :

"Mieux vaut ne pas avoir d'enfant et posséder la vertu qui laisse un souvenir riche d'immortalité, car elle est approuvée par Dieu et par les hommes." Sagesse 4:1

Voilà pourquoi l'Eglise de Rome tient si ardemment à ces livres antiques, générateurs de tant de confusion dans le passé. Elle y trouvait un fondement "scripturaire" que les 66 livres inspirés ne lui auraient jamais fourni pour toute une série de dogmes consacrés au cours des siècles par la tradition; précisément ces dogmes adoptés et promulgués officiellement par le Concile de Trente et dont, il convient de le souligner, le magistère de l'Eglise romaine n'a pas retranché un iota après quatre siècles, n'en déplaise aux illusions des œcuméniques...

Puce boule rouge

Protestantisme moderne et Apocryphes

La plupart des incunables bibliques (XVème siècle) et des Saintes Ecritures imprimées au XVIème siècle incorporent les Apocryphes; ce n'est qu'à partir du XVIIème siècle qu'on trouve des Bibles sans Apocryphes. En 1648, la Confession de Westminster publie une déclaration sans ambiguïté à leur sujet: "Les appelés Apocryphes ne sont pas divinement inspirés, ils ne font pas partie du Canon des Ecritures et n'ont donc aucune autorité dans l'Eglise de Dieu. Il ne faut pas les considérer autrement que n'importe quel écrit humain."

Alors que les Apocryphes font de plus en plus figure de légende ou de littérature hétéroclite, la connaissance des textes sacrés s'approfondit, car ceux-ci s'imposent par leur teneur, leur inerrance et leur autorité. Aussi, en 1825, la Société Biblique Britannique et Etrangère (SBBE) décide d'exclure désormais ces livres de ses propres éditions et de ne plus subventionner les impressions avec Apocryphes dans d'autres pays. Elle introduit même dans ses statuts un amendement lui en faisant interdiction expresse.

Puce boule rouge

Œcuménisme et Apocryphes

C'est donc d'autant plus regrettable de constater qu'à la fin du XXème siècle la plupart des sociétés membres de l'Alliance Biblique Universelle – qui se réclame pourtant de cette filière originelle de la SBBE – aient eu si courte mémoire et qu'elles soient revenues avec désinvolture sur des décisions prises il y a 150 ans par des théologiens de la vraie trempe, dont la mûre réflexion aurait dû prévaloir et s'imposer aujourd'hui encore.

Comme chacun le sait, l'œcuménisme cherche à renverser toutes les barrières ecclésiastiques dans l'intention de rapprocher les grandes confessions chrétiennes. Dans la stratégie de sa politique, il se devait donc de préparer dès que possible des Bibles "pour tous les chrétiens". D'où la parution en 1975 de la Bible française TOB (Traduction Œcuménique de la Bible) ou en 1983 de la version Concordata Italienne, qui toutes deux incorporent les Apocryphes à la fin de l'Ancien Testament.

Parmi les éditeurs des versions dites intégrales, qui s'étaient jusqu'ici abstenus de publier ces écrits contestables, notre génération a vu, hélas, certains d'entre eux succomber aux pressions du courant œcuménique toujours plus insidieux et virulent. Déjà en 1962 les responsables de la "New English Bible" intégrèrent les Apocryphes à l'une de leurs éditions. Et en 1986 c'est au tour de la Bible en français courant de suivre cet exemple. Désormais, si l'on fait croire que la Bible n'est complète que dans les éditions comprenant les Apocryphes, on est en droit de se demander jusqu'où ira l'abus de confiance du public et où s'arrêtera ce minage de terrain quant à la foi. La présentation de la Bible en français courant "enfin complète" comporte un élément séducteur. Non seulement c'est faire une fleur aux tenants des dogmes promulgués à Trente, mais c'est aussi, sur le plan de la vérité biblique, faire une grave concession au détriment de "la foi transmise aux saints une fois pour toutes" (Jude 3).

Car admettre la qualification "deutérocanonique" pour les livres apocryphes, c'est planter un jalon important sur la route "du retour au bercail" tant souhaité par Rome. Et c'est aussi braver de manière outrecuidante la sentence divine décrétée sur celui qui se permet d'ajouter quelque chose "aux paroles de la prophétie" du saint livre (Apocalypse 22:18-19).

Extraits du livre de John H. Alexander "L' histoire de la Bible"

retour accueil retour haut de page